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674 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

race, l'égalité, les morts de l'un et la politique de l'autre, voilà bien des guitares discordantes et d'une insipide monotonie pour tout musicien qui aime et qui pratique l'orchestre. Du reste, river son chant, toute la vie, à l'unique tintement de deux ou trois cordes, c'est l'aveu d'une amère impuissance. Ce qui me plaît dans ceux qui haïssent et qui insultent, c'est qu'ils avouent.

Le style politique et moral fait de la raison le même abus, que du sentiment le style sensible : non moins ridicule, et peut-être plus hypocrite. Il est plus humain de chercher à être bon, même en niaisant, que de vouloir toujours avoir raison, avec méchanceté. La raison qui se vante est impu- dente par nature : elle se croit des droits à l'em- pire, que le sentiment plus incertain implore et ne proclame pas.

Dans rAmi des enfants^ l'illustre Berquin est un bien grand politique. Il n'eût jamais fait la Révo- lution. Je pense là dessus comme M. Taine. Sa raison est imperturbable. Il fait même la part au sentiment. Jean Jacques n'y est pour rien. Avec Madame de Genlis, sa rouée jumelle, il est né du monstrueux mariage, qu'on ne peut rappeler sans rougir, de l'épouvantable Grandisson avec le mar- quis de Florian, propre neveu de Voltaire. Sous Louis Philippe, nos grand'mères ont toutes reçu, pour leurs étrennes, les Veillées du Château et les Contes à ma fille de cet autre Berquin, l'infortuné

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