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CHRONIQUE DE CAERDAL 669

niais : il était dans l'air du siècle, et d'abord dans les romans anglais. Londres est le grand marché de la vertu et de la Bible. L'anglais parle natu- rellement vertu ou aventure. Les romans de ce pays là sont le passe-temps des écoliers qui jouent au Robinson, et des petites filles. On n'y arrive jamais à l'âge des passions. Quelle Anglaise, sous Victoria et les Quatre Georges, a jamais été femme, et nue, ou dans un lit ? Elle dort toujours dans les bras de son ange gardien. Les enfants, là-bas, ne se font que par l'oreille d'une rose : encore est-ce à l'aurore, à l'heure où l'on sommeille le mieux. Et l'Anglais qui se respecte, lequel, jusqu'en ces derniers temps, ne veut pas être traité par le poète en fille à marier .?

Si la Nouvelle Héloïse est niaise, le prince ne fera pas mal de donner la cure de Sainte Périne en prébende au Vicaire de Wakefield : il y fera merveille, le digne nigaud ; et au prône, les pigeons du cimetière, vertueusement touchés, lâcheront des groseilles en confiture, toutes rôties, dans l'O des bouches bées, qu'ouvrent en pleurnichant les bons fidèles. Dans le style de la vertu, on ne sort pas des cimetières ; le cimetière est le jardin des âmes sensibles ; et les pigeons, sous la queue, n'ont qu'une aimable sarbacane à dragées molles, à pleurs de frangipane et d'innocence. Vertueux vicaire, comment fait-il, le matin, pour enfiler ses culottes et ses bas, en versant des torrents de

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