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630 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

" d'autres enfants aussi médiocres qu'eux en joie et en " beauté. "

Si le récit d'Anatole France se bornait à nous montrer ce qui pouvait se refléter de la Terreur dans l'âme moyenne d'un petit peintre promu juré d'un tribunal révolutionnaire, nous obéirions à sa fantaisie, amusés de surprendre les réactions d'événements importants dans un esprit d'arrière plan, et de suivre par un caprice de curio- sité, dans le tissu journalier de l'histoire l'un des innom- brables fils qui le composent. Mais, encore une fois, Anatole France n'est pas romancier ; son imagination ne lui fournit pas la matière d'un personnage, surtout pas d'un sot, bien râblé. Il est par contre homme avisé et sait se dépêtrer d'une sympathie imprudente. D'autres, faute d'avoir le cœur de planter là l'enfant de leur esprit, seraient bien forcés de l'aimer et de le tourmenter jusqu'à ce qu'ils en tirent quelque chose ; France, lui, prend son Gamelin, le quitte, le reprend, l'entoure de comparses ; et dès lors, parmi ces nombreux personnages, nous ne pou- vons nous résoudre à ne pas trouver ce quelque chose de trouble et d'étrange qui dut peser sur cette époque exces- sive. Certes les neuf dixièmes des Parisiens devaient réagir aussi pauvrement que ceux de ce livre, mais c'est le der- nier dixième qui compte, quoi qu'on en ait, comme c'est Jeanne d'Arc qui compte, parmi toutes les illuminées, ses contemporaines. Il est vrai que les neuf dixièmes vivaient sans se douter de ce que faisait une minorité agissante ; mais cette minorité existait réellement, était obscurément présente. Nous ne pouvons pas faire semblant d'ignorer ces hommes " tous atroces de vertu ou de peur, ne formant qu'un seul être, une seule tête

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