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626 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

prétextes quelques saints apocryphes ou quelques bourgeois d'il y a deux cents ans, on se le figurait artiste sceptique, érudit et spirituel, soucieux seulement de s'amuser et de prouver sa maîtrise en mille tours d'adresse intellectuelle. C'était bien mal discerner ce trait qui distingue le polé- miste du pur créateur de plaisir littéraire : le besoin d'idées à débattre et d'adversaires à prendre à parti. Il fallut bien convenir que ce que l'on tenait pour acces- soire, pour thèmes gracieux mais indifférents, formait au contraire l'essentiel au gré de l'auteur des Noces Corin- thiennes. Sitôt que celui-ci veut être proprement roman- cier, sitôt qu'il renonce à rire avec les bons ironistes et qu'au lieu de houspiller l'éternelle sottise, il prétend enton- ner de grands solos inspirés, on voit son récit s'empâter d'éléments d'emprunt et la vie se retirer de ses person- nages. Son clair esprit semble pris d'inquiétude devant le large espace ouvert à ses jeux, et comme un nageur qui craint la pleine eau, il muse en s'attachant aux branches basses que la rive met à sa portée. En vain, dans le Lys rouge^ appelle-t-il à son secours et Florence, et Verlaine, et son érudition, et son bon goût de collec- tionneur, et son pire goût de salon, l'oeuvre reste débile de la moelle épinière. Dans ce long récit où il semble vouloir donnfer toute sa mesure, lâcher la bride à tout ce qu'il conçoit de plus passionné, il n'y va pas de toute son âme ; et c'est au contraire dans ses contes enjoués et délicats, apparentes gageures, qu'il est le plus convaincu. L'auteur a la discrétion de ne pas pousser à bout ses antagonistes, et la courtoisie de ne pas appuyer sur ses conclusions ; il n'en écrit pas moins de petits pamphlets contre adversaire collectif, les travers qui s'y trouvent

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