544 ^^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
qu'il faut lire comme il fut écrit : en marchant. C'est le
" carnet d'un reporter ", négligé et savoureux. L'auteur a
beaucoup lu Kipling, Wells, Jack London, et peut-être de Foë.
Mais, ce qui est mieux, il a beaucoup causé avec les petits
bourgeois de la middle-class londonienne, les ouvriers des
faubourgs, les cockneys et les " inemployés " loqueteux qui
traînent, à l'aube, sur les bancs de Mile-End, les matelots qu'on
rencontre sur les quais et dans les bouges de Surrey-Docks et de
West-Indian-Docks. De ces fréquentations, qui ne sont pas à la
portée de tout le monde, une pointe d'accent anglais a survécu
dans son parler français. Et, aussi, 1' " humour " authentique
de là-bas, corrigé, affiné par 1' " esprit " de chez nous.
M. Guasco a le don de l'impression directe, immédiate,
vibrante ; l'appétit du détail concret ; le sens de l'individualité
des objets et des personnes. Il a bien vu les choses qu'il décrit.
Il les a vues cent fois, chaque fois avec une émotion nouvelle,
avec une amitié différente. C'est un garçon qui sait " traîner "
dans les rues, accueillir toute surprise, saluer toute rencontre,
et qui n'a pas peur de se lier avec les passants. J'aime ses goûts.
Je m'amuse avec lui. Il me plaît de l'entendre dire, parlant de
son livre : " C'est un récit de voyage parce que le départ vers
des spectacles nouveaux est la seule chose qui vaille la peine de
vivre. " J'espère qu'il est très jeune et très libre, qu'il connaîtra
beaucoup de départs et que beaucoup d'aventures lui sont
réservées. Il a toutes les vertus du voyageur.
J. C.
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D'ÎLE EN ÎLE, par M. Julien Ochsé (Mercure de France).
Un livre musical et délicat qui tient à la fois du poème, du roman sentimental et du récit de voyage. Un jeune homme laisse son amour, il en éprouve la puissance jusqu'en Océanie dans un volontaire éloignement ; mais pénétré par l'indifférence voluptueuse d'une nature primitive, il sent mourir sa raison
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