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48 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

perplexités me plongent au point d'y éprouver presqu'un certain confort ! Je vous aime trop pour m'aventurer à Hampstead. Je sens que ce ne serait pas faire une visite, mais me jeter dans le feu. " Que ferai-je? " comme disent en plaisantant les romanciers français — et je le dis, moi, sérieuse- ment! Réellement, que puis-je faire? Sachant bien que ma vie est vouée aux fatigues et aux difficul- tés, j'ai tenté de renoncer à vous : car, pour moi seul, qu'importe la misère ! Tant qu'ils ne regar- dent que moi, je puis défier tous les événements. Mais je ne puis cesser de vous aimer ! Ce matin, j'ai à peine conscience de ce que je fais. Je vais à Walthamstow ; demain, je retournerai à Winchester ^ d'où vous aurez de mes nouvelles dans peu de jours. Je suis un lâche : je ne puis supporter le poids du bonheur. Mais cela est hors de question. Il faut que je m'habitue à n'y point penser. Votre éternellement affectionné

John Keats.

��^ A-t-il réalisé ce projet ? je ne sais ; mais il semble bien avoir été à Winchester, de toute façon, le 22 septembre, le jour où il écrivait à Reynolds {Fie, lettres, etc. vol. II, p. 23).

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