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506 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

çui chante dans un chalet de bois neuf et secoue les baies a goût de giroflée dans les sapins Asphodelia.

En fait, il semble que ce soit dans le verset plutôt que dans le vers, libre ou régulier, que s'exprime chez M. Benoit une originalité naissante.

La poésie de MM. Guy Charles Gros et Henry Dérieux, qui n'en sont plus à débuter, est décidément moins sensuelle que sentimentale. Tous deux font passer l'analyse des senti- ments avant la recherche et l'harmonisation des images. Ils montrent une délicatesse psychologique égale ; elle les conduit à employer des rhythmes simples, parfois un peu monotones, mais si justement adaptés à une certaine mélancolie amoureuse que, par exemple, lorsque M. Guy Charles Gros fait effort pour s'en échapper, il est rare que son vers libre ne soit pas " prose " à la manière de celui de M. Bataille et ne fasse pas regretter la cadence facile de ses stances ou de ses alexandrins. Voici pourtant un morceau qui fait exception en ceci et dont la réussite devrait engager M. Cros à persévérer dans la voie nouvelle.

Vous parlez, souvent de vos peines

vous parlez, quelquefois de votre joie

mais vous ne dites jamais rien de vous-mêmes

lorsque vous êtes comme on est tous les jours

alors que Von ne sait qiCa peine

le parfum de V amour et le goût de la haine.

��Je vous voudrais plus terre à terre^ plus quotidiens.

Dites-nous plutôt vos mornes matins vos éveils sous la pluie grise des villes qui fait que Pon se sent si seul

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