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LA LITTERATURE 49 I

la plus précise et la plus complète d'étudier les transformations du goût.

De cette étude, les pamphlets qu'analyse M. de Bersaucourt seraient, je crois, une des moindres sources. La plus grande partie de ces pamphlets est faite d'attaques personnelles inspirées par l'envie : elle est l'oeuvre du Pauvre Diable de Voltaire et des Ratés d'Alphonse Daudet. Victor Hugo y prêtait d'ailleurs singulièrement, non seulement par sa gloire, mais par tous les travers, assez communément humains, dont M. Edmond Biré a fait sans pitié l'inventaire détaillé, et qui n'échappaient pas à ses contemporains. On voit dans ces pamphlets ce dont on aurait pu se douter avant de lire le livre de M. de Bersau- court, que le crime inexpiable de Victor Hugo aux yeux de ses confrères était de gagner beaucoup d'argent, et d'en demeu- rer très bourgeoisement économe. Rien de tout cela ne nous importe aujourd'hui, et il n'est pas de meilleur moyen de se tromper sur un poète que de regarder avec complaisance ces misères à la loupe. Un seul des pamphlétaires étudiés par M. de Bersaucourt compterait dans le chapitre de l'histoire du goût qui s'écrirait autour de Victor Hugo : c'est celui dont s'occupe le chapitre II, un imbécile du nom de Courtat, qui a traduit de façon bien curieuse Les Pauvres Gens " du baragouin en français ".

Ce qui ne compterait pas du tout, et ce que M. de Bersau- court aurait bien dû laisser de côté, ce sont les parodies du théâtre. Qu'il ne nous ait rien dit des journaux, je l'admets volontiers : c'eût été se noyer. La définition d'un pamphlet est fort classique (je renvoie au dialogue célèbre de Paul Louis et de M. Arthus Bertrand), et c'est maintenant par un hasard tout extérieur qu'un pamphlet n'est pas un article de journal. Mais puisque M. de Bersaucourt excluait de son livre les pamphlets parus dans les quotidiens, pourquoi vient-il l'encom- brer d'un chapitre sur les parodies du théâtre ? Parodies qu'il cite très longuement, par grandes pages, qui sont généralement

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