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CHRONIQUE DE CAERDAL 477

morgue, mais sans laisser même le moyen de mesurer la distance ; raffiné et peu sensible, c'est l'homme le plus indifférent à toute innocence, ce quart de Jules César, le grand Adrien, l'empereur civil qui bâtit les villes et qui administre ; le sceptique accompli, l'étant aussi en corruption ; le maître qui ne croit à rien dans le monde et dans la vie, si ce n'est à soi-même et à son plaisir, dont le premier sans doute est d'exercer la puissance, pour tuer le temps ; un mélange de Léon X et de Talleyrand, du grand Frédéric et de Mazarin ; mais le composé est incomparable aux éléments qui y entrent ; et le monde moderne n'a pas encore eu son Adrien.

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��Suétone au Palatin, on goûte ses voluptés taciturnes. Il passe dans les couloirs, d'un pied sûr et sans hâte ! On ne l'entend point, et il ne glisse pas sur les dalles. Entre les décrets et les lettres qu'il minute, il traque le monstre tapi dans l'enfer de la conscience et le recès des cœurs.

Il visite ces chambres, qui ont retenti de mots inouïs, de cris forcenés, où les râles du plaisir et les hoquets de la mort sont encore suspendus comme des ramiers à l'agonie, dans une cage ; il veut en parcourir les vicissitudes, depuis cent ans. 11 en écoute les échos. Il en sonde les parois. Il

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