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470 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chantes : elles savent le chemin du cœur. La piété de nos pères aimait à faire de ce groupe un motif funéraire. Statue inégalée de la Niobé chrétienne ! Insurpassable image de la désolation ! Le désespoir humain cherchait dans ce deuil ineffable un encouragement, un exemple de sacrifice. Malheur à qui ne sait plus voir ces œuvres déchirantes avec les yeux des morts qu'elles ont con- solés ! "

Ce sont encore les mendiants qui ont inventé les mys- tères. Ils ont fait le métier d'impresarii, organisé par toute l'Europe des représentations religieuses. En cela, ils suivaient l'exemple de Saint François qui avait arrangé une nuit de Noël, dans la grotte du Greccio, la messe de la crèche, et entre les bras de qui on vit renaître en souriant l'enfant de Bethléem. Les mystères du XV® siècle ne sont que le développement, parfois matériel à l'excès, des petits drames ébauchés par la poésie franciscaine. Et les peintres se conformèrent à ces scènes de théâtre. Ils peignirent ce qu'ils voyaient représenter sous leurs yeux. Pathétique du théâtre, pathétique de la sculpture et de la peinture, c'est tout un, et cet art s'inspire directement de la pensée fran- ciscaine.

Ce sont encore les mendiants qui ont imaginé ces cor- tèges dans les cimetières, ces danses macabres, dc.it le moyen âge fut si profondément remué. " Les choses se passaient de la sorte : un prédicateur faisait un sermon sur le péché ; il racontait la chute, la naissance de la mort. Alors, le spectacle commençait. Au rythme que donnait un sonneur de vielle placé au pied de la chaise, des figu- rants, qui incarnaient tous les âges et toutes les conditions de la vie, grandeur, pouvoir, science, jeunesse, amour,

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