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l'accouchée 461

tarie! " Et se tournant vers l'homme, elle ajouta d'une voix faible : " Ecoute, je n'ai plus de force, je ne suis plus nécessaire puisque je ne puis plus travailler; je suis usée ; je vais mourir; tu élèveras le petit ; au moins que celui-ci vive, au moins qu'après moi, il te reste le sang de mon sang! "

L'homme la regardait : " Femme, dit-il, ne perds pas courage ; personne au monde ne peut remplacer la mère !

Ils se turent, et le père égorgea le vieux coq.

Mais, dans la nuit, quand l'enfant, deux fois déjà eut refusé le bouillon, et crié la faim, la femme sentit dans sa détresse s'élever une détresse plus grande encore : l'angoisse de l'impuissance. — A l'enfant près d'elle, près de son squelette où le cœur seul restait pour souffrir, elle s'offrit en sacri- fice, et réleva dans ses bras comme pour implorer, puis le serra contre elle en un suprême adieu.

Alors à la chaleur de ce petit corps, à l'appel de cette faim, la poitrine de la mère se gonfla, une sève nouvelle monta de la terre épuisée : sous la petite bouche avide la source de lait venait de jaillir encore une fois !

Arnault.

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