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��L'ACCOUCHEE

��Cette femme était enceinte pour la onzième fois. Tous ses enfants étaient morts de misère ; elle-même paraissait un squelette épuisé.

Elle n'avait ni beauté, ni santé, ni jeunesse ; sa peau tendue sur ses traits rapetisses était flétrie ; son corps n'avait plus de forme ; son ventre seul renfermait les dernières forces de son être. Mais cette femme travaillerait jusqu'à sa délivrance : ce jour vint. Le soleil se leva, elle ne put sortir de son lit. Ses cris éveillèrent les voisines qui accou- rurent et son mari partit aussitôt.

Les matrones se consultèrent et, devant les souffrances atroces de la femme, jugèrent que l'accouchement serait périlleux, fatal peut-être et qu'il fallait aller chercher le curé.

Le village très vieux, après avoir été le principal relai des diligences, était tombé en décadence depuis que le chemin de fer passait entre deux haies de roches dentelées et tragiques, site infernal où l'on ne s'arrête plus.

Tout sentait la ruine, tout s'en allait : les murs s'écroulaient, les anciennes demeures étaient

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