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POEMES 455

A raffiner davantage le sacrifice^

Tu savais que ta pauvreté n était quun vêtement^

Tu savais que ton renoncement

N'était que Saumoné du riche.

Il te restait encore la plus chire part de ton bien.

Il te restait ta vieille compagne.

Tes enfants et tes petits enfants

Qui t'entouraient d'une vivante chaîne.

Il fallait déchirer leur cœur.

Il fallait briser cette chaîne vivante.

T'en évader sans espoir de retour.

Sans quoi, c'était le compromis et la honte !

Le terme implacablement logique de tes pas

Etait une alternative cruelle :

Deux morts s'offraient à toi.

Il fallait choisir Fune d'elles.

Cette pensée martelait ton cerveau.

Elle y faisait une rumeur immense

Que tu t'efforçais vainement d'étouffer.

Cette pensée emplissait le monde.

Tel au silence d'un antre le choc

De la chute des gouttes d'eau opiniâtres

Qui rongent le roc

Résonne, s'amplifie et se dilate.

Et tandis que tu temporisais avec le devoir,

La gloire te tissait son auréole de mensonge :

Des mains, de faibles mains se tendaient vers toi, sans nombre.

Des mains de péché, des mains de repentir, des mains d' espoir !

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