MAURICE MAETERLINCK. 44I
tâche difficile, mais profitable, qu'il s'est donnée, on sonore à incriminer sa bonne foi.
Oui, vraiment. Cette rhétorique, étonnamment impersonnelle d'ailleurs, est si habile, on en saisit si bien le procédé insinuant et caressant, on voit si bien l'auteur se tirant d'affaire chaque fois qu'une question l'embarrasse par une de ces images somp- tueuses et familières dont il a le secret, que l'on se demande parfois si, dans tous ces traités de morale, il y a autre chose que de la " besogne " bien faite, de la " copie ". Mais c'est surtout quand il s'agit de philosophes et d'hommes de lettres que la parole amère et pénétrante de Benjamin Constant reste vraie : " On n'est jamais ni tout à fait sincère, ni tout à fait de mauvaise foi "; il y a, dans la longue suite d'équivoques qui constituent La Sagesse et la Destinée, Le Temple Enseveli, Le Double Jardin, une sorte de demi-sincérité que Maeterlinck doit à cet instinct du bonheur ménager, à cette sagesse bourgeoise qu'il tient de sa race. Son esprit, d'éducation française, lui pose de graves problèmes; son " démon ", qui est un démon flamand, lui en cache les aspects tragiques. Le sage, pour lui, — et comme il s'attache à cette idée ! — c'est l'homme heureux. " Il serait nécessaire de temps à autre, dit-il, qu'un homme favorisé par le destin d'une félicité éclatante, enivrée, surhumaine, vint nous dire simplement : J'ai reçu tout ce que vos désirs appellent chaque jour; j'ai la richesse, la
�� �