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MAURICE MAETERLINCK 43 I

et des Congrès, plus se détourne d'elle l'Intelli- gence qui avait préparé sa prodigieuse réussite ; et voici qu'on commence à se demander s'il vivra dans les mémoires aussi longtemps qu'un Bernar- din de Saint-Pierre, car il n'a pas écrit Paul et Virginie.

�� ��Mais craignons que l'excès de son discrédit ne dépasse l'excès de sa fortune, et que les déceptions qu'il nous a causées ne nous rendent injustes. Cette déception, c'est en France surtout qu'on l'a cruelle- ment éprouvée. Maeterlinck, à ses débuts, y fut adopté avec d'autant plus d'enthousiasme qu'il semblait apporter des richesses nouvelles que l'esprit français ne pouvait tirer de son propre fonds. Formée, même à son insu, par Descartes, par La Rochefoucauld, par Voltaire, une intelli- gence de trempe purement française ne voit dans la pensée que des raisonnements dialectiquement ordonnés ; dans l'âme humaine, elle ne s'intéresse qu'à ce qui est clair, intelligible. Travaillant sur des terres cultivées depuis longtemps, elle se plaît à orner de vieux jardins spirituels souvent par- courus, mais toujours nouveaux pour qui sait en découvrir les beautés, et elle admet difficilement qu'il y ait dans la psychologie d'autres champs encore en friche. Il n'y a pas bien longtemps qu'elle

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