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��MAURICE MAETERLINCK

��Il y a, dans les bibliothèques de province, des livres surannés et charmants dont les couvertures bleu-tendre ou saumon se décorent d'arabesques dont l'or terni évoqua jadis je ne sais quelle tur- querie fantaisiste; le dos est fatigué et disjoint et l'on retrouve entre les pages des fleurs séchées, des silhouettes de papier noir, et des écheveaux de soie dévidée jadis à même le cocon par d'anciennes jeunes filles. Ce sont les livres de nos grand'mères: Corinne ou V Italie^ Lélia, un Keepsake, les œuvres de M™^ Desbordes- Valmore et de Bernardin de Saint-Pierre. La poussière s'est accumulée sur leur tranches, et si votre curiosité distraite entr'ouvre le livre, vous n'y verrez d'abord rien que de froid et de décoloré. Surmontez pourtant cette impres- sion première, lisez. A votre ennui se mêleront des sourires. Puis, un charme montera de ces pages oubliées, et si vous y réfléchissez, vous discer- nerez ce que leur ont emprunté des sensibilités dont la vôtre est sortie. Que ne devons-nous pas aux rêveries de nos grand'mères }

J'imagine que, quand nos petits-enfants retrou-

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