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37^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

parlé : merveilleuse impuissance qui a enfermé cet art dans les limites étroites et charmantes d'une immuable enfance et d'une courte sénilité.

J. S.

��LE DON JUj4N DE MOZART A L'OPERA-CO- MIQUE.

Nous nous promettions une joie si pure qu'il faut bien avouer ici quelque déception. Mais elle ne tient pas à l'ouvrage et mieux vaut une exécution imparfaite que pas d'exécution. On s'accoutume avec trop de désinvolture à déclarer désormais inchantable une musique que l'on n'essaie plus de chanter. Il suffira de s'y remettre ; l'insuffisance même des résultats présents incitera sans doute nos chanteurs à acquérir sous peu la virtuo- sité indispensable. L'interprétation des œuvres les plus modernes n'y perdra rien, bien au contraire : nous avons besoin de Mozart,

Je sais bien qu'aucun art n'est aussi loin du nôtre que le sien; que Wagner qui, avec les Russes, domine notre musique dramatique, que Franck, père direct de notre musique de chambre, imposent encore une tradition qui, reliant GlUck à Weber, Bach à Beethoven, ne tient nul compte de Mozart et ne pouvait en tenir compte. Mais c'est précisément une raison pour entretenir à tout prix chez nous le culte du musicien de Don Juan : son influence est pour ainsi dire encore vierge et tout entière disponible ; lorsque toutes les autres seront épuisées, qui sait si son heure ne viendra pas ? On aura encore besoin de chant pur, moins chargé de sous-entendus, moins alourdi de commentaires. Il ne s'agira pas toujours de peindre les âmes les plus ravagées, les plus sombrement oppressées par le problème du destin. Toute une part de l'homme qui a été volontairement dédaignée non pas seulement par ces musiciens

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