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LES POÈMES 353

Poème de la jeunesse, de l'amitié, de la patrie et de la république nouvelle, de tous les enthousiasmes purs. Nous ne nous dissimulons pas qu'Henri Franck lutte à chaque pas contre le didactisme, que l'exercice trop prolongé de la logique l'a ployé pour un temps et que la recherche philosophique entrave jusqu'à nouvel ordre l'élan impérieux du cœur. Il nous l'avoue.

Qui veut créer un chant ou veut créer un monde Ne doit pas posséder un cœur inquiet de Dieu. Pour chanter un chant pur sans défaut et sans trouble Il faut être léger comme un enfant royal Qui s'ébat au verger en mangeant des cerises...

Il nous l'avoue et il s'en plaint.

Hélas je ne suis pas la divine volière

D^où s^ envolent ainsi que des oiseaux les âmes !

Il ne l'est pas ; s'il eût vécu, il l'eût été. Je n'en veux pour preuve que ce " feu de joie " allumé " dans la solitude " qui signale la fin terrestre du poème. Le chercheur n'a pas trouvé Dieu, mais la vie, mais la danse, mais la gratuité de l'art ; il pourrait créer, son heure est venue...

O transports du danseur agiUy

Ton bras lance des javelots

De plus en plus vite et sans que tu pâmes

De plus en plus haut :

Tes sauts, tes bonds, tes jets, tes cris

Et le tournoiement sur les pointes^

Chatoiement des gestes ardents.

Ta vitesse d^ enfant numide,

O Jlamme, o flèche, o vif oiseau,

O faucon rapide.

Au moment même qu'il aborde l'art et la vie, il s'évanouit dans la mort. — Ce jeune intellectuel brillant et profond était

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