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338 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'harmonie. Le geste est un trait de l'arabesque. Mais comme la vie n'est jamais fixée dans un état, tout dans la belle danse est lumière, et varie comme la lumière. Le caractère naît de la forme et du mouvement dans la lumière. Ce n'est pas une recherche de l'idée, ni l'absurde prétention d'une femme au mauvais sourire, qui veut en finir avec les chefs-d'œuvre de la musique, et qui en fait une piste pour son galop. Toutes grecques comme les propylées de Munich, les amazones de l'Ohio, au trot ou au galop, ont trahi tous les poëmes. Les voix de ce pays là sont de sapin, sans timbre et sans musique. La plastique de ces femmes est une orthopédie : leur danse est un piétinement de l'homme, avec de gros genoux et des pieds plats. A Chicago et à Boston, les hommes sont d'assez misérable raisin pour faire du gros bleu ou de la piquette. Ici, on ne les vendange que si Vénus et les Grâces s'en mêlent. Et le maître de la cuvée, c'est tout de même Bacchus porteur de sceptre, et le front ceint de pampres.

Aucune femme n'approche de Nijinski.

Nijinski a toute l'intelligence de son instinct. C'est un corps admirable, qui jouit de sa beauté et qui sait en faire jouir le peuple assemblé dans le temple.

Il est pareil à la panthère mâle, si le fils de la femme peut prétendre à une telle beauté. Il a le don de se mouvoir dans la beauté, et d'y renouveler

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