CHRONIQUE DE CAERDAL 335
La danse est la religion révélée de la plastique. Ce n'est pas la nudité de la femme qui en fait une danseuse ; mais au contraire les voiles qui l'ornent, et la laissent deviner : ses voiles, qui sont aussi le gréement de la nef voluptueuse, en par- tance pour l'amour. Comme il n'est pas un beau danseur sur une multitude d'hommes, il n'y a pas une femme nue sur cent mille qui soit tout à fait belle, quand sa nudité n'est pas un moment de l'amour. Qu'elles soient vierges ou mères, la plupart, elles sont faites pour enfanter. Leurs hanches annoncent le travail du ber, comme les contre-forts évaluent les poussées de la nef. Qu'elle le veuille ou non, la femme est ventre et berceau. Toute la beauté de son sexe est dans ce qu'on en soupçonne. La nudité qui s'étale et qu'on mesure, si propre au plaisir qu'on la suppose, ne l'est pas à la contemplation. L'art des anciens et l'art des cathédrales voile toujours la femme jusqu'à la ceinture. La pudeur n'a pas noué cette draperie, mais le goût. L'art consiste à perdre le ventre dans les lignes fuyantes de la base féminine. Si on ôte sa draperie à la Vénus de Milo, et même à la sublime Samothrace, on en corrompt la beauté. Quand le Grec ose montrer la femme toute nue, l'incline sur elle même, il l'accroupit ; il ne nous îrmet pas de comparer aussitôt la largeur du issin et la longueur du torse à la brièveté des ibes et des cuisses.
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