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CHRONIQUE DE CAERDAL 33 1

épure le rhythme : elle veut se confondre dans l'oscillation du premier besoin : le bonheur et la joie de vivre.

On ne peut séparer la danse de l'amour. C'est pourquoi, la plupart, nous ne voulons voir danser que les femmes. Elles sont les prêtresses du dieu ; et si quelque Apollon s'offre parfois à danser, il est toujours seul au milieu des Muses.

11 y a, dans la danse, un reflet du grand mystère. La mimique est un enchantement. Le nombre animé de la chair est un philtre. Salomé fait, à nos yeux, un symbole redoutable.

L'homme ne saura jamais tout ce qu'il est capable de faire pour la beauté qui danse. Quand elle commence, il ignore quelle vie il lui va immoler, la sienne ou une autre. Les plus vifs embrassements de l'amour ne sont-ils pas une danse ? Le bal des vipères est un étrange enlace- ment. Et la terre tremble d'émoi à la bourrée des éléphants, sous la lune.

Le corps de la danseuse est un corps en amour. Il faut donc qu'elle soit belle, et de beau visage non moins que de beau corps, parce que la beauté du visage fait presque toute la beauté de nos amours.

Enivrante, enivrée, la jeune danseuse est la rose d'amour, ou le lis, ou le narcisse : toujours la fleur. Les jambes et les bras sont ses pétales ; et les

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