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LE MATADOR DES CINQ VILLES 323

— Ramasse ton pognon ! cria-t-il avec colère. Ramasse- le ! Mais t'es un sale filou, Charlie, et si quelqu'un voulait me donner une chique pour ça, je t'en rougirais bien la figure.

L'autre, satisfait, riait sous cape en ramassant son argent.

— Un pari est un pari, dit Charlie. Evidemment il était habitué à voir Jos se mettre en

colère de temps à autre, et il ne craignait rien. Mais il avait tort de ne rien craindre. Dans l'idée qu'il s'était faite de la situation présente, il n'avait pas tenu compte de la surexcitation nerveuse de Jos, due aux événements extraordinaires de la nuit.

La figure de Jos se plissa de mille rides et sa main saisit Charlie par celui de ses bras dont la main tenait les écus.

— Lâche-les ! cria-t-il très haut, se repentant de sa naïve honnêteté, lâche-les, ou je...

La grosse femme, avec son tablier tout sale, entra vivement et presque sans bruit dans le petit salon, et se tint debout à l'entrée de la buvette.

— Qu'est-ce qu'il y a, Suzanne ? demanda Jos d'une voix changée.

— Vous pouvez demander ce qu'il y a ! dit la femme, pendant que vous êtes à crier et à vous disputer comme deux ivrognes?

— Qu'est-ce qu'il y a ? redemanda Jos, en lâchant le bras de Charlie.

— Elle vient de passer ! larmoya faiblement la femme. Comme ça ! dit-elle, avec un geste de la main qui indi- quait la soudaineté de la chose. Alors elle éclata en sanglots désordonnés, et se précipita comme une folle

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