270 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
causé beaucoup plus de peine que de plaisir. Je ne pourrai plus jamais revoir aucun de ceux qui fré- quentaient à Elm-Cottage et à Wentworth-Place. Ces deux dernières années ont laissé sur mes lèvres un goût d'une amertume infinie. Si je ne puis vivre avec vous, je vivrai seul. Je ne pense pas que ma santé puisse faire de grands progrès tant que je serai loin de vous. Tout ceci fait que je ne désire pas vous revoir. Je ne puis souffrir ces éclairs de lumière, puisqu'il me faut ensuite rentrer dans les ténèbres. En ce moment, je ne suis pas aussi malheureux que si je vous avais vue hier. Etre heureux avec vous ! Cela paraît tellement impossible ! Il faudrait une meilleure étoile que la mienne ! Cela ne sera jamais.
Je vous renvoie un passage d'une de vos lettres que je vous demande de corriger un peu — je voudrais (s'il vous plaît ainsi) que la chose me fût exprimée moins froidement. Si ma santé me le permettait, j'écrirais un Poème que j'ai dans l'esprit et qui serait une consolation pour tous ceux qui sont dans la même situation que moi. Je montrerais quelqu'un amoureux comme je le suis, avec quelqu'un vivant libre comme vous l'êtes. Shakespeare résume toujours les choses d'une manière souveraine. Le cœur d'Hamlet était empli d'une misère semblable à la mienne quand il disait à Ophélie : " Allez au couvent ! allez ! allez ! " — En vérité, je voudrais renoncer à tout, sur l'heure;
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