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268 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

voulez me revoir, même après avoir lu cette lettre ? Je suis assez fort pour aller vous voir, mais je n'ose le faire. Ce sera pour moi une telle souf- france de vous quitter de nouveau ! Mon amour chéri ! j'ai peur de vous revoir ! je suis fort, mais pas assez pour vous voir ! Me sera-t-il jamais donné de vous tenir de nouveau dans mes bras et, alors, faudra-t-il de nouveau vous quitter ?..

Mon doux Amour ! je suis heureux tant que je crois votre première lettre. Rendez-moi seule- ment sûr et certain que vous m'appartenez de cœur et d'âme, et je mourrai plus heureux que je ne pourrais vivre autrement. Si vous me trouvez cruel, si vous considérez que j'ai manqué d'égards envers vous, réfléchissez-y encore et regardez dans mon cœur.

Mon amour pour vous est " vrai comme la vérité simple et plus simple que l'enfance de la vérité ", comme je crois vous l'avoir dit naguère. Comment aurais-je pu vous mépriser ? Ni menacer de rompre avec vous ?.. Ne croyez pas que ce fût dans un esprit de menace, mais dans un état d'esprit si misérable dans lequel j'étais plongé. Mon exquise, ma délicieuse, mon angélique Fanny! ne me prenez pas pour un si vulgaire personnage. Je serai aussi patient que je puis l'être dans la maladie, comme dans ma croyance à l'amour. Pour toujours vôtre, ma chérie,

John Keats.

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