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LETTRES A FANNY BRAWNE 263

tous les deux des vieillards, si tels nous devons devenir. J'aurai toujours ce ressentiment qu'on a joué avec mon cœur comme avec une balle. Vous direz que c'est de la folie .... Je vous ai entendu dire qu'il n'était pas désagréable d'attendre quel- ques années. Vous avez des plaisirs. Votre esprit est distrait, vous n'avez pas, comme moi, vécu d'une seule et unique pensée... et comment l'auriez vous fait i'.. Vous êtes l'objet de mon désir le plus intense ; l'air que je respire dans une pièce où vous n'êtes pas est malsain. Je ne suis pas tout cela pour vous ; non ; vous pouvez attendre ; vous avez cent motifs d'acti- vité ; vous pouvez être heureuse sans moi ; une partie quelconque, la moindre chose qui occupe la journée vous suffit. — A quoi avez- vous passé tout ce mois ... ^ A qui avez-vous souri ?.. Tout ceci peut sembler sauvage de ma part ! Vous ne sentez pas comme moi ; vous ne savez pas ce que c'est qu'aimer ; peut-être le saurez-vous un jour ; votre heure n'est pas venue. Demandez-vous combien d'heures doulou- reuses vous avez vécues dans la solitude dont Keats fut la cause . — Pour moi, je n'ai cessé d'être un martyr ; c'est la raison pour laquelle je

' Cette question semble bien indiquer qu'un laps d'un mois s'était écoulé depuis le jour où Keats avait quitté la maison de Himpstead qui était contigue à celle de Miss Brawne, et d'où il pouvait suivre ses occupations d'assez près, de jour en jour. D'après cela, cette lettre serait environ de la première semaine de Juin 18 19.

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