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LETTRES A FANNY BRAWNE 259

cœur ! Je suis avide de vous ! Ne pensez à rien qu'à moi ! Ne vivez pas comme si je n'existais pas ! Ne m'oubliez pas — mais ai-je le moindre droit de croire que vous m'oubliez ! Peut-être pensez-vous à moi tout le jour ? Ai-je le droit de désirer que vous soyez malheureuse à cause de moi ?.. Vous me pardonneriez de le désirer si vous saviez le désir passionné que j'ai de me sentir aimé de vous ; et pour m'aimer comme je vous aime, vous ne devez penser à personne qu'à moi, et encore moins écrire cette sentence. {?) Hier et ce matin, j'ai été hanté par une douce vision : je vous voyais tout le temps dans votre robe de bergère... Combien j'en ai souiFert dans tous mes sens ! Combien mon cœur en a été ému ! Combien, à l'évoquer, mes yeux se sont remplis de larmes ! En vérité, je crois qu'un amour vrai suffit à occuper le cœur le plus vaste.

J'ai eu un vrai choc en entendant dire que vous alliez seule en ville. Pourtant je m'y attendais. Promettez-moi de ne pas le faire encore. . . jusqu'à ce que j'aille mieux. Promettez-le moi ; et puis, remplissez votre lettre des noms les plus caressants. Si vous ne pouvez le faire de bon cœur, mon amour, dites-le moi... dites ce que vous pensez ; si votre cœur est vraiment si attaché à la terre, confessez-le. Peut-être alors arriverai-je à vous voir à une plus grande distance, à ne plus vous considérer comme ma si complète propriété.

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