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RÉFLEXIONS SUR LE ROMAN 235

et des vers eût, partout ailleurs, scandalisé Boileau; mais du moment que la Psyché de la Fontaine était un roman...

Dire pourquoi ce genre inférieur l'a emporté au XIX* siècle sur les genres classiques, pourquoi le roman a débordé sur toute la prose ainsi que le lyrisme sur la poésie, ce serait s'engager dans des pages et des pages d'histoire littéraire. Mais en somme le principe des classiques était juste. Tout roman implique un minimum de composition (flottement n'est pas incohérence) ; mais aucun roman ne peut réaliser le maximum de composi- tion : " Le Ménage de garçon^ Tartuffe^ Hamlet^ dit M. Bourget, sont composés. Ils représentent des t)-pes d'art très différents. Un caractère leur est commun... Rappelez-vous par contraste Guerre et Paix et Anna Karénine. " Sur trois exemples de composition, M. Bourget, qui dit citer au hasard, est obligé d'en nommer deux qui sont du théâtre, et cela me paraît assez typique. Une texture de roman est toujours plus souple, plus indéterminée, que celle d'une oeuvre dramatique. Un roman a le temps. Le théâtre, à qui les classiques concédaient vingt quatre heures, n'a pas le temps. Un roman a l'espace, et il décrit. La dispersion dans l'espace est interdite à la tragédie. L'esthétique propre du roman est bien, comme les classiques l'avaient vu, une esthétique de composition desserrée, de temps, d'espace. Z^ Princesse de Clèves et H Echéance ne me

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