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RÉFLEXIONS SUR LE ROMAN 229

Romola. Ce genre de roman tient au premier, au roman brut, en ce qu'il dispose librement de la durée, en ce qu'il peut s'étendre indéfiniment sans perdre son unité, en ce qu'il accepte docilement toutes les digressions. Il va de soi qu'on y recon- naîtrait facilement plusieurs espèces secondaires, selon qu'il se rapproche davantage du roman brut ou qu'il va plutôt au roman actif. On y distinguerait par exemple ces trois catégories : le roman en- registreur, dont Gîl BlaSj David Copperfield sont les types, vrai roman passif, dont le héros est un homme moyen, modifié du dehors par les événe- ments de sa vie, d'une vie qui a pour fin naturelle une expérience moyenne, indulgente, et qui se termine quand le héros est "arrivé "; — le roman progressif à évolution lente, le développement normal d'un caractère donné dès son principe ; les deux romans de Stendhal en sont les chefs- d'œuvre ; — le roman progressif à mutation brusque, qui portera de préférence sur des caractères de femme, et qui d'ailleurs ne se distingue pas profondément du précédent, puis- que l'art du romancier cherche à établir sous l'apparence de cette mutation brusque les assises d'une logique : ainsi Madame Bovary et Romola.

Le roman actif est le roman dan^ lequel l'ordre n'est pas donné du dehors par l'unité d'une époque ou celle d'une existence humaine, mais est créé

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