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200 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ses figures avec plus de justesse et de conséquence, il n'a pas mieux composé. Lui, qui ailleurs torture le sujet pour lui arracher une seule situation, qui concentre la lumière sur un seul point, il a atteint ici la sûreté enveloppante, l'équilibre, la quiétude artistique d'un maître classique. Au-dessus de ces images des îles et des écueils, avec leur éclairage changeant, reproduites par l'art le plus exquis, le plus abondant et le plus amoureux, tourne un ciel d'été serein, brille l'éclat jaune d'un grand soleil. C'est le soleil qui luit sur un grand poète en harmonie et plein du bonheur de créer, spectacle peu commun dans nos temps révoltés, et chez Strindberg de la dernière rareté. "

M. Paul Verrier dans La Vie (25 mai) :

" Longtemps élève de Rousseau, quelque temps de Nietzsche, il n'a point, comme eux, édifié de philosophie. Il lui est bien arrivé une fois, dans Utopies, de vouloir exposer sa théorie du moment, un socialisme radical. Mais il a erré d'opinion en opinion, sans trouver de repos dans aucune, sans se rendre d'aucune un compte exact, sans réussir ni même s'essayer vraiment à la formuler. Ses attaques contre la société, surtout contre la femme, ne sont guère que des cris de bête blessée.

Avant d'expirer, comme tant d'autres, il était revenu par étapes à la foi de son enfance. Quelques heures avant de " rendre l'âme ", il a pris la Bible qu'il gardait sur sa table de nuit, il l'a pressée sur son cœur : " Maintenant, j'en ai fini avec ce monde. C'est là, dans ce livre, que se trouve en fin de compte la seule vérité". Dans son testament, il a demandé qu'on l'enterrât à huit heures du matin, pour éviter le concours des curieux, sans musique, ni chants, ni discours, — rien que l'ofiïce des morts."

M. Sébastien Voirol, dans La Grande Revue (25 Mai) :

" Disons donc que Strindberg fut un magistral Touche-à-Tout, un désabusé par la vie, un pamphlétaire versé dans la composi-

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