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196 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Avec le scandale du Faune, le thème change et " la pudeur de la France" entre en jeu. Nul ne songeait à l'invoquer (à part l'honorable M. Bérengerqui, lui, reste du moins consé- quent avec lui-même) contre les exhibitions de music-hall et les valses plus ou moins chaloupées qui corsent aujourd'hui les spectacles " de genre " un peu partout. C'étaient là scandales " autochtones ", oui, bien français, qu'il n'y avait qu'à tolérer. — Or, il aura suffi qu'un danseur russe, à la fin d'une scène mimée des plus sévères, risquât une attitude un peu trop pré- cisément amoureuse, mais d'une grande beauté plastique, et ceci devant une salle d'artistes, de millionnaires et de snobs, pour que s'élevât aussitôt la protestation vraiment inopinée de la " pudeur française " renforcée en l'occurrence par le " bon goût français ". Il ne s'agit pas de défendre V Après-Midi d^un Faune interprétée par Nijinski ; les Russes ne nous ont rien donné de plus curieux, mais rien non plus d'une si parfaite incohérence; le décor empiète sur la mimique, la contredit dans son principe et ne s'accorde davantage ni avec le poème, ni avec la musique, dont la pantomime, de même, méconnaît tout à fait l'esprit. L'art de ce spectacle d'art demeure essen- tiellement discutable, mais si l'intention d'art est visible, c'est bien ici. Et c'est à propos de ceci qu'on s'indigne ! — Nous jugerions ce réveil de pudeur inexplicable, s'il ne nous révélait le besoin endémique dont nos contemporains sont possédés, dès qu'il s'agit de l'art : d'y mêler à tout prix des considéra- tions étrangères. Et c'est ainsi que voilà qualifiés d'obscènes les dessins du maître Rodin, pour cette raison qu'il les crayonne

dans son atelier de l'Hôtel Biron.

H. G.

��PRECISIONS.

A propos de la note publiée dans notre dernier numéro par M. Legrand Chabrier sur le livre de M. André du Fresnois :

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