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NOTES 183

SarintsefF est un fantoche. Et qui nous fera croire que Tolstoï n'aurait pas pris conscience de l'insuffisance de ce pantin ? ...Non, non, ce n'est pas l'écrivain des Souvenirs de Sébastopol et de Guerre et Paix qu'on nous a rendu avec ces papiers posthumes. Ce n'est pas l'incomparable évocateur qui a soulevé notre jeunesse d'un tel enthousiasme. A peine, çà et là, quel- ques pages ; quelques épisodes et quelques tableaux, à^Hadji- Mourad notamment. Mais le reste ne fait que rendre plus sen- sible à nos yeux "l'extraordinaire hauteur où les grandes œuvres de Tolstoï s'élèvent au-dessus de ses autres ouvrages ".

C.V. •

LES JARDINS DE L'INTELLIGENCE, par M. Lucien Corpechot.

M. Lucien Corpechot a pris à tâche de faire rendre justice à un des plus grands artistes qui aient honoré le nom français, le modeste jardinier Le Nôtre. Aucun, sinon Poussin, ne représente aussi précisément, avec autant d'autorité, l'idéal intellectuel d'un siècle éminemment pauvre sous le rapport des arts plastiques. Qu'un peintre de tableaux de chevalet, qu'un jardinier de jardins français, comptent a peu près comme les seuls artistes dont le grand siècle ait le droit de s'enorgueillir, voilà une particularité singulière. Et songez qu'au regard de Louis XIV, un Lebrun n'avait pas moins d'importance et de génie ! Curieux temps où l'intelligence se suffisait et pouvait même faire mauvais ménage avec le goût, sans s'en sentir diminuée... — M. Lucien Corpechot dans une série de cha- pitres excellemment écrits et pensés nous montre comment Le Nôtre ne fit que reprendre pour l'épurer la tradition de nos jardiniers médiévaux, comment l'amour des grands espaces et des grandes lignes lui dicta sa conception des jardins, com- ment il entreprit à Versailles, pareil à un poète, une œuvre à priori. C'est ce qui fait la singularité et le prix de son génie.

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