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154 J-A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Voilà ce fort Joinville, portant son roi entre ses bras. Il baisse sur le visage chéri, sur la figure sacrée il baisse des yeux tristes. Contre sa poitrine, pleine de l'amitié virile, il serre ce corps d'homme défait. Et sa grande âme ne cède pas. Pourquoi ne vous point croiser ? pourquoi ne partez vous pas, Joinville .'* Il laisse aller son roi où la volonté de Dieu le destine ; et lui même, il demeure où la volonté de Dieu le retient. Ce qu'ils appellent la volonté de Dieu, et que nous appelons le Destin, a la même voix profonde de conscience.

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��Un terrible jour d'hiver, dans le propre palais de Saint Louis, à deux pas de la Sainte Chapelle, on est venu quérir son dernier petit fils, pour le mener au supplice. On l'a hissé sur une sale charrette ; on l'a traîné le long du quai, jusqu'à la place rouge, où l'autel est de deux bras sanglants qui lâchent une hostie de fer, taillée en couteau ; et on lui a coupé la tête. Si Joinville eût été là, le roi ne fût pas mort, et jamais la Révolution n'aurait pu se produire. Mais Joinville n'y pouvait pas être. Et qu'auralt-il fait à Versailles ? L'amitié de Joinville est avec Saint Louis et non avec Louis XVI.

Cinq cent vingt ans séparent la mort des deux Louis. Le chêne de Vincennes, où était-il pourtant.

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