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CHRONIQUE DE CAERDAL I47

chrétienté, et qui n'en doute pas, non seulement le Jeudi saint il lave les pieds aux pauvres ; mais il les sert les premiers, chaque jour, avant de se mettre à table.

Si brave et de si haut parage, le bon Joinville ne craint pas d'avouer ses faiblesses. Il a eu peur, et ne le cache pas. " Par la peur que favois, je commençai à trembler bien fort^ et par la maladie aussi. " Miroir d'honneur et de toute probité. Un tel homme parle mieux que toutes les victoires, et mieux que toutes il prouve le droit d'une nation à vaincre. Rien ne saurait arrêter sur ses lèvres les mots dont son cœur retentit, et qu'il a résolu de faire entendre. Trente ans après la mort de Saint Louis, il avertit sévèrement le roi régnant de se mieux conduire : " Donc^ y prenne garde le roy qui est ores : quil s'amende de ses méfaits, en telle manière que Dieu ne le frappe en lui et en ses biens. ^' Depuis Henri IV, les rois n'ont plus entendu un mot de vérité : car, même humiliée, enveloppée de cendres et voilée, la corde au cou, toute vérité eût paru une trahison ou un outrage.^ Ils en sont morts.

Joinville est si libre, qu'il blâme même son héros, là oii le bon sens l'y force, quand Saint Louis agit moins en homme de ce monde, qu'en prêtre aux portes du paradis. Ainsi, il ne lui semble pas " bonne manière d^estre estrange de sa femme et de ses enfans. En cinq ans. Saint Louis

  • Témoin Retz, Vauban, Fénelon, Saint-Simon, et Colbert même.

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