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I20 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

François était une belle âme.

Il ne faisait guère bon s'asseoir dans l'herbe, près de l'étang. Ils se dirigèrent vers le centre de la ville. Ils rencontrèrent les Frébault qui allaient à la gare, sans doute pour se distraire. Maintenant qu'ils n'étaient plus que tous les deux, la mère Catherine morte et leur fils parti, ils s'ennuyaient à la maison. Aller à la gare était pour eux en quelque sorte se rapprocher de leur Louis. Quand elle vit Juliette, M™* Frébault toussa comme pour s'éclaircir la voix. Frébault ne broncha point. Il se rappela seulement le repas du Quatorze Juillet dans le champ de Richâteau.

— Ils n'ont pas l'air gai depuis que leur Louis est parti ! dit Juliette. Il faut qu'il ait eu du courage. Je ne l'en aurais pas cru capable. S'en aller, ça doit être bien triste. Après on n'y pense peut-être plus, mais sur le moment...

Elle parlait d'une voix si sourde que le Paul en tres- saillit.

— On dirait, ma parole, que tu vas partir toi aussi ! murmura-t-il.

Elle se reprit vivement :

— Moi ? Et où veux-tu que j'aille ?

— Est-ce que je sais ! Tu as tellement changé ! Seul avec elle, en plein milieu des bois, il l'eût prise

par les poignets, lui eût tordu les bras, l'eût torturée jusqu'à ce qu'elle se fût confessée. Il ne voulait rien soup- çonner ni douter d'elle, mais c'était plus fort que lui. De nouveau il serrait les poings. Il se sentait robuste. Il se serait battu avec Ponceau ; il l'aurait tué, trop tard peut- être. Mais on passait devant des maisons. Il fallait se tenir.

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