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Il6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

VU venir personne, on ouvrit la porte : c'était la Marguerite Garnier. Elle paraissait plus gaie qu'autrefois. Elle n'avait plus ses pâles couleurs ; elle était maintenant une jolie fille blonde. Elle s'assit tout naturellement, sans se faire prier. On voyait qu'elle avait repris l'habitude de venir chez les Nolot.

Elle vivait avec sa mère qui tenait, comme M*"* Le- moine, une boutique de mercerie, mais plus petite, et qui n'aurait pas suffi à les faire vivre toutes les deux. Alors Mar- guerite faisait des journées bourgeoises. Elle allait travailler en ville quand il y avait de l'ouvrage pour elle. Le reste du temps sa mère la laissait tranquille, et ne la tenait pas attachée à son comptoir comme M""* Lemoine faisait d'Alice. Elle dit :

— Est-ce qu'on va se promener encore aujourd'hui ? Il fait beau.

Pour Marguerite, il faisait beau. C'était en effet un Dimanche d'octobre avec un clair et doux soleil dont la lumière n'offusquait pas les yeux, dont la chaleur ne brûlait point la nuque.

— Certainement, dit Léontine. Dès que François sera arrivé nous partirons.

— Tu as l'air triste! dit Marguerite à Paul. Car ils se tutoyaient depuis l'enfance, étant nés dans ces deux maisons bâties en face l'une de l'autre.

— Dame, répondit Nolot, pense donc que dans un mois il va partir.

Marguerite n'avait pas besoin qu'on lui rappelât cette date.

— Oh ! je sais ! dit-elle. Elle se tut.

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