NOTES IIOI
Cet intérêt que Francis Jammes ne sait " où fixer ", je le vois, pour ma part dans l'émotion phihsopHque que dégage La plus humble vie. L'auteur nous décrit une vie de paysan béarnais, vie de labour, simple, unie, monotone, routinière, où les seuls événements sont des mariages, des naissances, des anniversaires, des décès, des circonstances ^/j/Tf/z^/i?/ mais ^<«ï/î/f/. Seulement, à chaque page, M. de Bordeu nous montre cette vie naturellement accordée à la sérénité de la nature, aux rites du travail agraire, au rj'thme des saisons et des occupations et, d'autre part, nous apercevons en perspective les innombrables vies paysannes semblables. L'œuvre en acquiert un singulier retentissement.
" La vie et les habitudes ne changeaient qu'insensiblement. Et le temps semblait couler goutte à goutte dans ce village paisible, comme tombe l'eau d'une fontaine, au creux du coteau, en sa vasque d'argile ou de grès. Simples étaient ceux qui vivaient là. Leurs grands traits rudes, leurs yeux vagues, leur silence indiquaient un calme de pensées ternes et habi- tuelles, mais profond et naturellement harmonique à l'ordon- nance de leur vie paisible, au rythme des spectacles rassurants, à la solennité et majesté qui viennent sur les choses, qu^nd le jour décline, enfin à la tranquillité de la terre. "
Véthique du laboureur pyrénéen est indiquée en quelques traits justes et forts :
" L'homme [à la campagne] se voit l'héritier des morts. D'instinct, il veut continuer leur œuvre en l'étendant du mieux qu'il pourra ; il entend transmettre à ses enfants son petit royaume élargi et faire, comme on dit ici, bmne maison... Ce sera sa bonne renommée, le témoignage qu'il laissera de lui-même. Et cette maison durable s'édifie, cette renommée d'habile laboureur se gagne à l'exemple des anciens...
" C'est pourquoi l'on doit rester parcimonieux, actif, pré- voyant, content de peu. C'est pourquoi l'on est rétif aux nouveautés, méfiant envers ceux qui vous les prônent... "
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