NOTES 1099
d'étranges formes, le Rabaga, Mais tous ceux qui ont été des petits enfants imaginatifs se rendront compte de ce qu'il y a de vrai dans ces étrangères.
On a beaucoup étudié la psychologie enfantine dans la littérature romanesque de ces dernières années, mais on l'a rarement fait avec autant de goût, de discrétion, de justesse et de franchise que dans ce petit livre. Rien ne permet plus aisément de tomber dans le symbolisme facile que l'attitude de l'enfant devant certains drames domestiques auxquels il est mêlé, et qu'il subit peut-être plus durement que les grandes personnes qui en sont les acteurs. La petite fille qui pleure dans son lit le soir parce qu'elle a entendu son père ou sa bonne prononcer certains mots redoutables qu'elle ne saisit pas, comme elle peut figurer aisément l'angoisse de l'animal humain devant d'éternelles énigmes, devant les forces irrésisti- bles et sacrées ! Peut être M*"* Blanche Rousseau a-t-elle songé a nous le dire. Il semble bien que, parfois, elle y ait songé. Mais elle a le bon goût de ne pas succomber à la tentation de chercher la profondeur philosophique ; elle nous laisse à nos réflexions et se contente de nous donner l'atmosphère d'une de ces belles journées d'été toutes resplendissantes de soleil, mais si chargées d'orage que l'on voit dans leur beauté même comme un douloureux pressentiment. Elle nous indique ainsi le drame secret sous le train-train journalier des choses et, dans sa simpli- cité, l'histoire qu'elle nous suggère suffit à nous faire réfléchir sur nous-mêmes et sur les mille petits jeux tragiques de la vie quotidienne. N'est-ce pas là tout l'art du romancier ?
Le Rabaga est suivi de sept petits contes d'une inspiration bien différente et qui achèvent de composer la physionomie actuelle du talent de Blanche Rousseau. Ils évoquent des figures connues de l'univers fantaisiste : le Prince charmant, Cen- drillon, le Petit Chaperon rouge, mais ils confèrent à ces personnages la réalité concrète et parfois terrible que leur donnent les enfants. Et l'originalité de ces transpositions, c'est
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