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NOTES 1095

connu, qu'il ne nous remet en mémoire des livres familiers avec lesquels on ne saurait longtemps se résigner à perdre le contact. Qui a le culte de la prose française dans ce qu'elle possède de plus ferme, de plus certain, avec toute sa clarté propre et ce qu'elle peut supporter de condensation latine, ne se déprendra plus de la langue de Montesquieu s'il a fait un jour commerce avec elle. Le style d'un Voltaire paraît nerveux, celui d'un Rousseau inquiet auprès du sien, et même dans leur plus admirable plénitude. Il est en quelque sorte un absolu, un étalon, d'après lequel les autres styles se mesurent. L'intelligence n'a jamais eu chez nous, un meilleur, un plus parfait instrument.

    • On n'entend parler dans les auteurs, que des divisions qui

perdirent Rome ; mais on ne voit pas que ces divisions y étaient nécessaires, qu'elles y avaient toujours été et qu'elles y devaient toujours être. Ce fut uniquement la grandeur de la république qui fit le mal et qui changea en guerres civiles les tumultes populaires. Il fallait bien qu'il y eut à Rome des divisions : et ces guerriers si fiers, si audacieux, si terribles au dehors, ne pouvaient pas être bien modérés au-dedans. Deman- der dans un Etat libre des gens hardis dans la guerre et timides dans la paix, c'est vouloir des choses impossibles, et pour règle générale, toutes les fois qu'on verra tout le monde tranquille dans un Etat qui se donne le nom de république, on peut assurer que la liberté n'y est pas... "

"... Il est vrai que les lois de Rome devinrent impuissantes pour gouverner la république ; mais c'est une chose qu'on a vue toujours, que de bonnes lois, qui ont fait qu'une petite république devient grande, lui deviennent à charge lorsqu'elle s'est agrandie : parce qu'elles étaient telles que leur effet naturel était de faire un grand peuple et non pas de le gouverner."

M. Strowski nous livre le secret de ce grand stj'le et de son assurance. Il nous fait voir clairement que la vie de Montes- quieu fut occupée par un dessein et par un seul dessein qu'il poursuivit à fond et sans relâche à travers ses ouvrages les plus

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