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I094 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tour à tour les écrivains originaux des quatre derniers siècles, elle veut aussi nous découvrir la source primitive à laquelle ils auront puisé. Une époque aussi complexe que le seizième siècle français par exemple, ne se résume pas en quelques figures de maîtres. A côté de ce qu'ils inventent, il faut montrer ce qu'ils acceptent, le ferment venu du dehors qui excite leurs inventions. Le recueil de M. Pierre Villey est instructif à ce titre et à plusieurs autres ; c'est un recueil de traductions ou si l'on préfère d'adaptations du grec et du latin, de l'italien, de l'espagnol. Un peuple pour lequel Remy Belleau traduit Anacréon, Louis des Masures Virgile, Charles Fontaine Homère, et Pétrarque Vasquin Fillieul est prêt à accueillir Ronsard, et Ronsard, tout lettré qu'il soit, en profite. Un Pierre Saliot traducteur d'Hérodote, un Amyot transcripteur de Plutarque, d'Héliodore et de Longus, expliquent un Mon- taigne et un Rabelais. Un Le Maçon révélant le Décaméron excuse la reine de Navarre et Brantôme. De la tradition de VAmadis espagnol par Herberey des Essarts, le renouveau du roman chevalier et galant va prendre prétexte. Il est aussi amusant qu'instructif de lire en français ces ouvrages, comme les lurent nos renaissants. Sans l'initiative de M. Pierre Villey, nous n'aurions pas le pouvoir d'y recourir si aisément, et mettant à part Amyot nous ignorerions toujours la plus grande part de ces travaux modestes. Grâce à lui, s'enrichiront à la fois notre compréhension et notre vision d'un siècle décisif dans l'évolution des lettres françaises. M. Pierre Villey y joint heureusement quelques-uns des premiers récits de voyage qui furent écrits dans notre langue. Le goût de l'exotisme n'est-il donc pas un goût si dépravé, que nos ancêtres le connurent ?

��Le Montesquieu de M. Strow^ski est un ouvrage tel qu'on le souhaitait : mais il nous révèle moins d'inconnu ou de peu

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