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NOTES 1089

les jours... Une expression de tristesse étemelle s'en dégage, comme d'une statue dans une nuit claire... Cela répand une sorte de flamme froide et rêveuse...

Il faut se soustraire à ce charme. Voici les images précises, volontaires plus que passionnées, de Vallotton. Deux hommes se répriment l'un l'autre en ce peintre : un amant et un critique, un sensible et un contrôleur implacable, un érotomane et un mécanicien-ajusteur. ' Mais c'est rudement fort. Et voici encore les grandes figures hardies et gaies, roses d'avoir couru et de s'être baignées, coquettes et sentimentales comme une ronde et comme une vieille chanson française, de Marval ; les paysages simples et vrais, discrets et attentifs, humbles devant la nature, au charme sûr, de Francis Jourdain ; le petit Bonnard exquis, plein d'enfants, d'animaux mêlés et d'arbres, qui évoque une idée de paradis terrestre, d'eaux vives et de cueillettes ; les décorations de Valtat ; les solides peintures de Puy; ce défilé de boulevard si rempli, si juste où rien n'échappe à l'œil amusé de Barwolf ; et d'excellentes choses de Dufrénoy, de Tarkhoff et de Lebasque.

On regrette l'absence de Marquet, qui est un grand peintre. Et que penser d'un jurj' capable de recevoir certaines croûtes, et de refuser l'envoi d'Odilon Redon ?

Sautons sur l'échiquier cubiste. Un premier état s'impose, un état de réflexes, réactif, péristaltique : Rues qu'on pave, amoncellements de cartons à bottines, grappes de soupirs carrés, grains de grenade en rupture de cosse... Cartographie gros- sière. Un écolier s'amuse à barbouiller de couleurs son livre de géométrie. Je pense à l'énumération d'injures de Mark Twain : Champignon de balneum, graine de caviar, bouture de lan- gouste, racine de pâté ! — Pourquoi cette femme est-elle corsetée d'un filtre ? Pourquoi sa voisine est-elle écrasée par

^ " Il ne s'agit pas d'être ému, il s'agit de faire des constatations posément. **

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