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I082 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nerfs, entraîne Alice loin de ces pièces d'apparat, on voit s'asseoir sur un tabouret, tenant toujours sa serviette de perca- line et son haut de forme, le timide visiteur qui n'a pas cessé d'attendre et qui, sans le savoir lui-même, apporte dans cette maison le trouble et le drame.

Ce premier acte est fort brillant. Nous voici loin des stylisations symbolistes. C'est l'influence d'Ibsen qui devient prépondérante. On songe à la façon dont s'ouvre l'Union des Jeunes. M. Georges Duhamel s'est mis à l'école du maître le plus difficile à suivre et c'est déjà lui décerner un grand éloge que reconnaître qu'il fut bon élève. Cet acte est d'une grande habileté; il l'est dans les deux sens du mot, le bon et le mauvais. Le bon, par l'adroite ordonnance des scènes, par la présentation des deux caractères du pauvre visiteur et d'Alain Mostier; le mauvais, par des précautions un peu factices pour différer l'in- térêt et par des inventions comiques d'un effet vraiment trop facile. Dans son désir d'écrire une pièce viable devant le public, M. Georges Duhamel paraît avoir saisi avec un peu trop d'avidité tous les moyens qui lui donnaient de la prise sur ce public. Mais ce sont là des critiques secondaires. Il reste que cet acte est vivant et qu'il montre cette délicate émotion, cette observation minutieuse et attendrie qui font le charme des poèmes de Georges Duhamel et qui donnent à ce qui vient de lui une couleur particulière.

Le commencement du second acte est encore du même ton. Robert Bailly a fini par rencontrer Hilaire. Celui-ci lui remet un paquet de lettres qu'en mourant, un de ses amis, un pauvre vieil artiste raté, lui a fait promettre de remettre à Robert. Ces lettres contiennent la preuve que celui-ci n'est pas le fils d'Emmanuel Bailly, mais celui du pauvre célibataire, peintre d'éventails et de menus. Une soudaine allégresse trans- porte le jeune homme ; un enthousiasme soulève cette âme débile. Il peut donc secouer de ses épaules le fardeau d'une famille trop illustre ; il a donc un père qu'il aurait pu chérir.

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