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JULIETTE LA JOLIE lOI

Ils revinrent une demi-heure après, lui d'abord. Il sifflotait en écorçant une baguette de noisetier. Cougnjr dormait toujours, ronflant, la bouche grande ouverte.

Marcelle n'était pliis qu'une pauvre petite femme qui se tenait à quatre pour ne pas sangloter. Elle murmura pourtant :

— Ah ! si j'avais su !...

— Qu'est-ce que tu aurais fait ? dit-il. Mais elle ne pouvait plus parler.

Juliette arriva, mi-confuse, mi-moqueuse. On voyait que Ponceau avait dû lui faire la leçon : c'est pourquoi elle essayait de sourire. Mais elle venait de voir Marcelle qui avait été sa meilleure amie : c'est pourquoi, tout en souriant, elle baissait les yeux. Heureusement Cougny se réveilla aussi vite qu'il s'était endormi, plus dispos, pres- que guilleret. Il lui fallut se frotter les yeux et reconnaître le paysage. Il revenait de très-loin. Il les regarda tous les trois.

— Eh bien, quoi donc, les enfants ? dit-il. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Il n*Y a rien du tout, dit Ponceau, sinon que tu avais une fameuse cuite, et que tu viens de la cuver pen- dant trois quarts d'heure.

— Mais vous êtes là comme des chiens de faïence.

— Et de porcelaine, dit Ponceau en ricanant de son petit rire sec. C'est ta femme, ma cousine, qui n'est pas de bonne humeur. Mais ça lui passera. Si nous allions du côté de la table ? Il est l'heure d'avoir faim.

C'était lui maintenant qui chantait, mais pas le même air que Cougny : une romance. Il en savait beaucoup. Ils déjeûnèrent à table d'hôte, en joyeuse compagnie.

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