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héros. L’énergie est l’énergie, à quelque objet qu’elle s’applique. Hypocrites, ceux qui disent le contraire. D’ailleurs, l’hypocrisie la plus générale est la faiblesse, et le refus d’entendre la vérité. Quand on mène un homme à l’échafaud, et qu’il y va bravement, c’est un brave. Neuf fois sur dix, on est sûr que son juge ne se ferait pas si bien couper le cou.

Voilà donc un sale héros. C’est ici qu’on voit la vertu des classiques. Un homme qui a lu Plutarque, enfant, et qui a grandi dans le commerce des Anciens, quelle que soit son énergie, s’il lui en reste, il choisit plus tard les objets où il l’applique. Il se fera peut être banquier, s’il a la force et les moyens des immenses rapines. Comme le grand Lucullus. Et s’il veut dominer par la violence, il fera une révolution ou la guerre civile. Ou encore, il cherchera quelque souverain, à qui donner une leçon. Le primaire n’est pas capable d’un si beau choix. Il n’a pas fait de bonnes versions, sur les grands textes de Tacite et d’Aristote. Il ne sait pas conduire ses idées. Les mots le gouvernent, et il est l’esclave de sa logique.

Pour mener sa raison comme il faut, mieux que les mathématiques, où l’homme prend la funeste habitude de plonger les faits dans l’abstraction, il est bon d’avoir lutté avec un texte difficile. Thucydide est un fameux remède contre l’anarchie. Ou du moins, qui a bien traduit un livre de Thucydide,