l'exécution double 1029
Or, Hilaire était mort !
A l'heure du soir où je me suis rendu au cimetière visiter sa tombe, un coucou mélancolique m'accueillit ; il chantait, puis cessait soudain afin d'écouter lui répondre un autre coucou... mais c'était l'écho de sa propre voix. Une lime ronde, énorme, immobile, couleur d'absinthe, pendait au centre même de la voûte du ciel, mais, chaque fois que je regardais l'astre, il semblait s'être arrêté à l'instant d'une longue course. Le cimetière était noyé d'un petit lait.
Assis au sommet de la tombe de Hilaire, je le voyais tout entier, ce cimetière, panorama triste : c'était des mon- ticules de terre gazonnée, alignés avec soin ; il y en avait à perte de vue, les derniers tout contre le pan du ciel.
Des chiens errants grattaient le sol, si nombreux qu'on eût dit dans du gravier la marche d'une lointaine troupe.
Et puis il venait jusqu'à ce lieu une rumeur de la ville : c'étaient des cris de traineurs de pousse-pousse, les sons de flûte d'un cerf-volant musical, des bruits de tambourins chez des joueurs de " ba-quhan, " des cris joyeux d'enfants en la proche rue des Menuisiers — celle où se construisent les cercueils.
Il avait plu toute la journée, mais, à la venue du soir, le ciel s'était brusquement découvert, était apparu d'une pièce, tout d'un coup ; un rideau avait été violemment tiré, on eût dit, et la lune découverte ; le clair de lune d'après ce jour de pluie était d'autant plus limpide : soli- taire, le visage au ciel, je me sentais soulevé en plein firmament, avec la terre et les tombes.
Hilaire était mort ! Voici son histoire.
Ho-Kien-Fou n'est qu'une résille de petits canaux. A
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