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lOIO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Quand il a suscité Giotto, le maître des lignes, des formes, des rythmes, il lui faut un siècle pour se reprendre, cent ans pour réaccumuler autant de vertu créatrice qu'en réclame le nouveau maître, le maître des couleurs et de la vénusté, le maître de la mélodie : Fra Beato Angelico.

Notre ami D... admirera demain Buffamalco et les Gaddi, Spinello Aretino, Orcagna, et aussi les maîtres de Sienne. Si grands qu'ils soient, si prompts à couvrir tant d'espace, ils reflètent seule- ment Giotto; ils font grande école, mais école ; ils se saisissent moins de son âme que de ses moyens. Cet intervalle de si magnifique abondance peut même nous sembler avoir déposé le flambeau...

Pourtant, l'esprit de François n'est pas mort. Il court sous la formule et sous le dogmatisme. Il transfigure avant le Bienheureux, le paradis doré qu'abrite S*® Marie Nouvelle, la dure allégorie dominicaine de la chapelle dite " des Espagnols ". Il se souvient des fleurs, des prés, des moissons et des vierges ; il distille en secret les plus radieuses teintures pour les vêtements des élus.

Il était forme et poids ; il sera couleur et musique. Comme il était noblesse et force, il veut être amour et plaisir. D'un geste sensuel et vir- ginal, Florence, la fille de son choix, le capte. Avec elle, il fera le tour de la vie : tout est de Dieu, même la volupté.

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