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988 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le Louis rentra un peu après six heures. Il pensait voir de nouveau Juliette sortant de l'atelier, mais, en l'honneur du Quatorze Juillet, M"^ Clément avait "lâché" ses quatre ouvrières plus tôt que de coutume. Il attendit, les mains derrière le dos, debout sur le pas de la porte. Quand une demi-heure se fut écoulée, il comprit que Juliette était partie.

— Qu'est-ce que tu as donc à rester là planté comme un cierge ? lui cria sa mère du fond de la maison. Tu ferais mieux d'aller aider ton père !

Frébault aujourd'hui travaillait dans un de leurs champs — car ils avaient des terres dispersées un peu partout, au hasard des héritages, — auquel on arrivait par le chemin qui passe devant la maison de M"* Clément. Le Louis alla de ce côté, mais son père n'avait pas besoin de lui. Quelques minutes il rôda sans rien dire, arrachant ici un bleuet, là un brin d'herbe. Puis il sortit du champ et, par le sentier qu'avait suivi Juliette l'autre jour, il s'en fut à pas lents jusqu'au gros châtaignier. Il songeait qu'il aurait pu la rencontrer. Ils seraient seuls. A cette idée, il défail- lait.

Il n'attendit pas que le globe du soleil eût entamé l'horizon. Il avait hâte de manger la soupe puisque l'on commençait à se réunir vers huit heures, tout en haut de la route d'Avallon, pour la retraite aux flambeaux. Il avait à marcher pendant un bon quart-d'heure. Il était déjà plus de sept heures. Quand il arriva à la maison, ni la mère Catherine ni l'âne n'étaient encore rentrés. Il écouta, regarda. S'il avait entendu le pas de l'âne, certainement la mère Catherine n'aurait pas tardé à paraître. A la fin il se décida.

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