Page:NRF 7.djvu/991

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE MYSTÈRE DES SAINTS INNOCENTS 985

Injustice de Dieu plus apaisante, plus conso- lante et plus probante que toute justice. On n'invente pas d'être injuste ; on l'est parce qu'on existe, parce qu'on a des goûts, des humeurs, parce qu'on est une personne. Cette partialité toute tranquille et toute puissante de Dieu, cette bienfaisante iniquité, ah ! de quelle preuve elles me saisissent, de quelle persuasion elles me fortifient ! J'entends mon père entre tous ses fils choisir pour l'accompagner un autre que moi et qui le mérite moins.

Telle est la nouvelle, tel est le témoignage que ce livre ose apporter chez moi. Il est venu soi- disant sans dessein ; il a parlé à l'heure où l'on parle, parce qu'il n'y a plus rien à faire dans la maison. Il a bavardé comme un moine. Et com- ment le renvoyer maintenant que tout le monde autour de moi l'appelle : notre ami ?

��* *

��Le Mystère des Saints Innocents est parmi les livres les plus graves, parce qu'il est parmi les livres qui disent des choses plus simples que celles auxquelles on avait pensé. — Pourtant je ne peux pas quitter les soucis que Péguy voudrait m'ôter. Je ne peux pas être sûr qu'il n'oublie rien. Je ne peux pas croire que, s'il avait songé à tout, il continuerait à n'en pas tenir compte. Je ne peux

�� �