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968 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

lettres comme la dernière que je vous ai écrite : je vais m'efforcer de vous satisfaire en m'appliquant à une autre manière.

En vérité, je n'ai pas beau jeu : je ne suis pas assez paresseux pour écrire de vraies lettres d'amour. Je quitte à l'instant une scène de notre Tragédie,^ et vous aperçois (ne prenez pas cela pour un blasphème) à travers un brouillard d'intrigues, de discours, de contre-intrigues et de contre-dis- cours. L'amoureux est plus fou que moi — nous n'avons aucun point de rapport — il a une figure comme la statue de Méléagre et du feu double- ment distillé plein le cœur. Bénissez Dieu pour mes occupations ! sans elles, je serais très misérable. Je m'encourage dans ce sens et tâche de ne pas penser à vous. Mais quand j'ai réussi en cela tout le jour et une partie de la nuit, vous revenez, sitôt cette excitation artificielle tombée, d'autant plus sévère que la fièvre est plus grande dans laquelle je demeure. Sur mon âme, je ne pourrais dire ce

  • La Tragédie à laquelle il est fait allusion, est certainement

Othon le Grand qui fut écrite en collaboration par Keats et son ami Charles- Armitage Brown. C'est Brown qui mit sur pied les caractères et les intrigues des quatre premiers actes qui furent écrits par Keats ; mais le V*^ est entièrement de Keats. Voir La 'vie, les lettres, etc. de Lord Houghton (i 848), vol II, pp. 1-2, et le foot-note, page 333 de l'édition Aldine des œuvres poétiques de Keats (Bell et Sons. 1876). On trouve un récit humoristique de cette collabora- tion dans une lettre écrite par Brown à Dilke, à laquelle il est fait allusion à la p. 9 d'une Préface écrite par Sir Charles Dilke pour le mémoire Les papiers d'un critique.

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