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LETTRES A FANNY BRAWNE 963

tête pour un paysage comme des enfants pour des

��sucreries

��J'ai été, je ne sais pourquoi, dans un état d'esprit excellent cette heure-ci. Pourquoi ? Quand je dois prendre mon bougeoir et me retirer dans ma chambre solitaire, sans avoir, en m'endormant, la pensée que je vous verrai le lendemain matin ?... Ni le lendemain ? Ni le surlendemain ? Cela prend le caractère de quelque chose d'impossible, d'éter- nel — mettons un mois ! Je vais me dire que dans un mois au plus, je vous verrai, quoique personne d'autre que vous ne doive me voir, même une heure ! — Je ne pourrais pas être aussi près de vous qu'à Londres sans vous voir continuellement. Après vous avoir embrassée, douce ! une fois encore, je préfère être seul avec ma tâche que de me trouver pris dans le haïssable tohu-bohu litté- raire ! Mais pendant ce temps, il faut que vous m'écriviez — comme je ferai moi-même, chaque semaine — car vos lettres sont ma vie. Ma douce enfant, mon amour pour vous est tel que je ne puis le dire. Bonne nuit, et pour toujours vôtre.

John Keats.

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