Page:NRF 7.djvu/944

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La grosse Warrens n’avait que trente-trois ans, quand le petit Rousseau fut son amant, à vingt-deux. Plaise au ciel que tous les jeunes hommes ne fussent jamais déniaisés plus salement. Et plût à Dieu que tous les gens de lettres ne fussent jamais nourris par de plus vieilles femmes. Le roi, le Grand Roi, quand il a fallu le dégourdir, on l’a fait coucher avec une espèce de gouvernante nourrice, qui allait sur les quarante ans. Et le spectacle de toute cette cour qui épie la coucherie, qui ne pense qu’à la coucherie, qui mange et boit de la coucherie, faisant la haie derrière les portes, l’illumination de toutes ces belles âmes en chandelles, spectacle plein d’honneur en vérité, ou plutôt immonde bergerie. Un autre roi, le Bien Aimé, a été déniaisé, faut-il vous dire par qui ? J’aurai plus de pudeur.

Genève, toujours Genève ! Calvin, toujours Calvin ! Et il faut que Rousseau paie pour Calvin, et Calvin pour Rousseau. Mais d’abord, Calvin n’est pas de Genève : il est de Noyon, en France, et aussi bon Français qu’on puisse l’être. Noyon est plus en France même que Paris. C’est la banlieue de l’Île, une grange du grenier, un anneau à la double ceinture qui passe par Beauvais, et par Chartres, par Château Thierry et par Soissons. Les grands labours sont là, et les fermes mérovingiennes. Pays des fères et des fertés. La terre de Beaumanoir et du Grand Ferré, qui a tant